Outre ses trois ans de prison ferme à purger, l’ex-trader de la Société Générale, condamné pour des opérations financières illégales commises en 2008, devra dédommager son ancien employeur à hauteur de 5 milliards d’euros. Du jamais vu !
Le chiffre, stratosphérique, pèsera lourd, très lourd, dans les annales de la justice.
Depuis ce mardi 5 octobre 2010, Jérôme Kerviel est, par anticipation, l’homme le plus endetté de France.
Condamné par la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, Jérôme Kerviel devra essuyer, au bénéfice de son ex-employeur, la Société Générale, où il était employé comme trader au moment des faits, une ardoise de 4,9 milliards d’euros. Une réparation record pour un seul homme.
En 2007, l’homme, alors âgé de 31 ans, opérateur de marché au sein de la Société Générale, avait engagé la signature de son employeur sur des contrats à termes dont le montant global à l’époque s’élevait à 50 milliards d’euros.
Au bout du compte, ces opérations fictives avaient généré une perte pharamineuse pour la banque : l’ampleur du trou d’air découvert, chiffré à 6,4 milliards d’euros, envoyait du même coup l’établissement et son salarié dans un tourbillon médiatique sans précédent.
C’est cette somme gigantesque, moins les 1,4 milliard de bénéfices enregistrés lors d’ opérations précédentes, que Kerviel devra rembourser au titre des dommages et intérêts à son ancien employeur, soit 4,9 milliards d’euros.
Ainsi en ont décidé les magistrats du tribunal correctionnel de Paris, retenant du même coup les trois chefs d’accusation qui motivaient les poursuites engagées à l’encontre de l’ex-trader d’origine bretonne : abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système informatique.
2. Le jugement
« L’ensemble (des) éléments, vainement évoqués par la défense, ne permettent pas de déduire que la Société Générale ait eu connaissance des activités frauduleuses de Jérôme Kerviel, ni même qu’elle ait pu les suspecter » dit le jugement.
Et d’ajouter que « Jérôme Kerviel a sciemment saisi des opérations sans réalité économique, qu’il a par la suite annulées, dans le seul but de masquer ses engagements hors mandat et hors limites ».
A propos du délit de faux et d’usage de faux, les juges disent que « le texte de ces courriels a été choisi par Jérôme Kerviel afin de répondre précisément aux attentes des services de contrôle qui le questionnaient et d’échapper à leur sagacité, tout en impliquant dans ces réponses des tiers totalement étrangers à ses malversations, dont il usurpait la signature sans le moindre scrupule« .
Jérôme Kerviel a été, en outre, condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme.
Il a déjà interjeté appel de cette décision.